Rencontre de présentation du rapport du processus de modélisation du Centre multifonctionnel Batha pour l’autonomisation des femmes victimes de la violence basée sur le genre Rabat, le 22 mai 2018
Rencontre de présentation du rapport du processus de modélisation du
Centre multifonctionnel Batha pour l’autonomisation des femmes victimes
de la violence basée sur le genre
Rabat, le 22 mai 2018
Tout d’abord je tiens à remercier tous ceux et toutes celles qui ont bien
voulu participer à cette rencontre : mesdames et messieurs les
représentant-e-s des :
instances gouvernementales concernées par la problématique de la
violence de genre ou/ et de la prise en charge des femmes
survivantes ;
les organismes internationaux et ambassades étrangères au Maroc ;
les organisations de la société civile ;
Les journalistes et les représentant-es des Médias ;
Merci à vous tous et toutes, votre présence nous honore.
Chers tous et toutes
Créé dans le cadre du programme de lutte contre la précarité de
l’Initiative Nationale du Développement Humain (INDH), le centre Batha a été
officiellement inauguré en janvier 2009 par le Roi du Maroc.
Il accueille annuellement quelques 1000 femmes victimes de la violence
de genre dont la précarité, et donc l’arrivée au centre, est provoquée par des
formes de violences sociales, affectives et physiques visant à imposer des
normes sexospécifiques, conjuguées à une situation de pauvreté qui se
nourrissent l’une de l’autre dans une interrelation vicieuse qui nécessite une
réponse complexe et des interventions intersectorielles.
Si l’INDH a constitué une opportunité pour sa création, la mise en place
du centre a été guidée par la Mission et les Orientations Stratégiques de l’IPDF,
association féminine de plaidoyer, autonome, non lucrative, dont :
la mission stratégique est la mise en œuvre de l’égalité entre les sexes
dans les textes et dans les faits, via la défense des droits universels des
femmes ;
les objectifs s’axent autours de :
l’élimination de toutes les formes de violences et de discrimination à
l’égard des femmes conformément aux conventions et chartes
internationales ;
la promotion de la situation socio-économique des femmes et le
renforcement de leurs capacités ;
la promotion de l’égalité dans les textes de loi et dans les faits ;
l’adoption de l’approche genre comme outil de planification entre les
différents acteurs ;
l’incitation à la pleine participation des femmes à la prise de
décision dans la vie publique ;
le respect des droits à la santé sexuelle et reproductive.
Cet ancrage de notre Association et son appartenance à un référentiel
clairement défini et à un mouvement pour les droits des femmes vont la guider
dans son choix de capitalisation permanente sur l’existant au lieu de réinventer
la roue encore et encore.
C’est donc à partir de ces préalables que la décision d’entamer un
processus permanent de suivi évaluation, de capitalisation, de modélisation et
d’actualisation du modèle sera prise et mise en œuvre à partir de 2009,
Il est à noter par ailleurs, que ce processus , a été guidé par notre positionnement
clairement défini ; il s’agit de :
1. l’importance de la conformité aux définitions, guides d’orientations ,
principes et lignes directrices onusiennes, notamment ; « les lignes
directrices des services sociaux essentiels telles que définies par
l’UNFPA1 ;
2. l’importance d’une vision féministe holistique, reflétée notamment à
travers la transversalité de l’Approche Féministe Globale ;
3. le rôle que doivent jouer les usagères du Centre en tant qu’actrices du
changement tant aux niveaux individuel que collectif ;
4. l’exigence de la politique de confidentialité ;
5. et enfin La Valeur Ajoutée que les nouvelles pratiques capitalisées ont
apportée dans un souci de mieux servir les usagères du Centre dans leur
processus d’Autonomisation.
Mesdames et Messieurs
Si ce processus de modélisation répondait d’abord à une préoccupation
interne à l’IPDF et au centre Batha, nous avons jugé qu’il était éthiquement
indispensable de la partager avec vous vu la dynamique actuelle que connait le
Gouvernement marocain en matière de cadrage et de standardisation de
l’intervention sociale auprès des populations vulnérables (dont les femmes
victimes de la violence basée sur le genre). Cette dynamique qui se manifeste
aussi bien au niveau législatifs (institutionnalisation de la prise en charge dans
la loi 103-13 (article 10) – élaboration d’un texte de loi 65-15 qui remplace la loi
14-05 relative aux centres de protection sociale), qu’au niveau de la mise en
place de procédures d’application (projets de cahiers de charges types pour les
espaces multifonctionnels, etc.) ou de plans d’action y afférent (création
d’espaces multifonctionnels prévus dans le plan gouvernemental IKRAM.).
1 Paquet de services essentiels pour les femmes et les filles victimes de violence, Lignes directrices sur les éléments de base
et la qualité. Module 1/Chapitre 1. Programme conjoint mondial des NU
Bien qu’émanant d’un désir louable de combler le vide enregistré dans le
domaine, cette dynamique, menée par le Gouvernement en dehors de toute
implication de la société civile, se caractérise par l’absence de toute
capitalisation sur le cumul d’une expérience de plus de 20 ans de la société
civile tant au niveau de l’action de proximité auprès des femmes survivantes,
qu’au niveau des nombreuses de Recherches-Actions qu’elle a réalisée ; de fait,
cela pourrait compromettre :
l’approche droit au profit du caritatif ;
la participation des usagères qui risquent de subir l’intervention au lieu
de la conduire ;
les types et qualités de l’offre en dehors de l’expression des besoins réels
de la population cible ;
la dimension holistique de l’intervention en l’absence de l’ implication de
la société civile dans les commissions nationale et régionales de prise en
charge des femmes victimes de violence, et de l’implication des
collectivités via la création de cellules de prise en charge des femmes
victimes de violence au sein des centres sociaux crées par ces
collectivités locales ;
et enfin l’objectif d’autonomisation, quasi-impossible en l’absence des
éléments sus cités.
Dans ce sens, en parallèle avec l’élaboration d’un cahier de charge par le
Ministère de la Famille, de la Solidarité, de l’Egalité et du Développement
Social relatif aux centres de protection sociale, et via cette rencontre que nous
organisons avec un appui de l’UNFPA, nous souhaitons à la fois partager cette
expérience avec les différents acteurs concernés et influencer les acteurs
étatiques afin que :
a. les orientations onusiennes leur servent de repères et d’éléments de
cadrage ;
b. ils prennent en considération les bonnes pratiques du Centre Batha dans
leur projet de cahier de charge.
Merci à vous