La 8ème Conférence islamique des Ministres de l’Environnement adopte le projet de Déclaration de Rabat sur la promotion des facteurs culturels et religieux dans la protection de l’environnement et la réalisation du développement durable
Au terme de ses travaux, la 8ème Conférence islamique des Ministres de l’Environnement (CIME) a adopté aujourd’hui le projet de Déclaration de Rabat sur la promotion des facteurs culturels et religieux dans la protection de l’environnement et la réalisation du développement durable.
Les participants à la Conférence ont souligné la nécessité que les Etats membres réitèrent leur engagement politique à soutenir l’Agenda mondial du développement durable conformément aux principes et référentiels convenus internationalement, de même qu’à déployer tous les efforts nationaux et internationaux afin de réaliser le développement durable en respectant les spécificités culturelles et naturelles et en activant la volonté politique en tant que condition essentielle de tout succès dans ce domaine, et à honorer les engagements financiers et techniques et à impliquer les organisations de la société civile et le secteur privé vu leur rôle en la matière. Ils ont incité la communauté internationale à prendre des mesures concrètes pour éliminer les dettes, faciliter l’accès aux marchés et le transfert de technologies et promouvoir les capacités.
Ils ont appelé à fédérer les efforts de la communauté internationale en vue de mettre fin aux guerres internes, à l’occupation et aux conflits que connaissent certains pays, ainsi que leurs impacts tels que la destruction de l’environnement et des infrastructures de développement durable, l’augmentation du nombre de réfugiés et la destruction des monuments historiques et du patrimoine culturel et civilisationnel, et ce, sur les bases justes de l’action commune et conformément au Principe 23 de la Déclaration de Rio, stipulant la protection de l’environnement naturel et culturel des communautés en temps de conflit et de guerre, sachant qu’il est impossible de réaliser le développement en l’absence de sécurité, de paix et de stabilité.
Et de noter également que les Etats membres, vu leurs ressources naturelles et leurs positions géographiques respectives, souffrent des impacts des phénomènes climatiques extrêmes et des défis y afférents tels que l’épuisement de l’eau, la baisse de la production alimentaire, la hausse du niveau de mer et la sécheresse, ce qui exige des mesures nécessaires afin d’atténuer les risques et impacts de ces catastrophes (tremblements, inondations, tempêtes et autres), et ce, par l’alerte précoce, l’intégration des stratégies de lutte contre les risques des catastrophes dans les politiques de développement durable à tous les niveaux et l’encouragement de l’investissement dans la lutte contre ces catastrophes. Les participants ont aussi souligné la nécessité d’activer les conventions internationales y afférentes, notamment les recommandations des COP de Paris 2015 et de Marrakech 2016 sur les changements climatiques et les conventions subséquentes. Et de demander par ailleurs d’activer le rôle du Dispositif mondial de réduction des effets des catastrophes et de relèvement (GFDRR), des banques de développement, des donateurs et des fonds internationaux dans le soutien au Plan d’action exécutif pour la mise en œuvre de la « Stratégie islamique d’atténuation et de gestion des catastrophes » dans le cadre de la solidarité Nord-Sud aux fins de lutte contre les impacts de ces phénomènes.
De même, ils ont recommandé d’adopter les meilleures pratiques en place à l’intérieur et à l’extérieur du monde islamique en matière de travail avec les institutions confessionnelles dans la protection de l’environnement et le développement durable, en présentant les modèles et expériences du monde islamique, d’une part, et en assurant la complémentarité, d’autre part, avec la Stratégie des Nations Unies et ses programmes exécutifs en la matière tels que l’Initiative « Faith for Earth », aux côtés des organisations internationales similaires comme l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et institutions religieuses y afférentes telles que le Vatican. Il s’agissait également de mettre à profit les expériences des institutions nationales et associations scientifiques et de terrain œuvrant dans l’action environnementale et culturelle d’intérêt commun, tant chez les Musulmans que les non Musulmans dans les Etats membres.
Par ailleurs, les participants ont considéré que l’adoption de la « Stratégie d’activation des facteurs culturels et religieux dans la protection de l’environnement et la réalisation du développement durable dans le monde islamique », de même que l’appel à créer le « Réseau islamique de l’action environnementale et du développement durable », comme un moyen pour fédérer les efforts et partager les expériences, à l’intérieur et à l’extérieur du monde islamique, avec les organisations internationales, régionales et nationales et les ONG, toutes religions et cultures confondues, à l’intérieur et à l’extérieur des communautés des Etats membres, ainsi que pour promouvoir la recherche scientifique en la matière et encadrer le soutien nécessaire aux institutions confessionnelles œuvrant dans la protection de l’environnement et la réalisation du développement durable.
Dans la même veine, ils ont souligné l’importance de l’éducation environnementale et la nécessité d’activer sa présence dans les écoles religieuses, les écoles gouvernementales et privées ainsi que les médias, et de former les enseignants pour renforcer les programmes environnementaux en place dans les écoles, en donnant des exemples de mesures y afférentes afin de développer la cadence des mesures incitatives subjectives de protection environnementale chez les étudiants. Il s’agissait également d’encadrer ces mesures en assurant un soutien réfléchi ou en établissant des concours et prix pour les associations environnementales et les activités des écoles écologiques, et ce, sur la base d’indicateurs basés sur des mesures concrètes relatives à la protection de l’environnement telles que l’assurance d’énergie, la gestion et le recyclage des déchets, le boisement, l’hygiène et l’assainissement, en plus de la fourniture de supports didactiques aux dimensions culturelle et religieuse, relatifs à l’importance de protéger l’environnement et de son intégration dans les cursus actuels. Par ailleurs, les ONG confessionnelles peuvent recourir aux journalistes et aux médias pour diffuser les meilleurs pratiques et savoirs fondés sur la compréhension et l’activation modérées des textes religieux.
Par la suite, les conférenciers ont considéré que les principes de l’économie islamique et les fondements de la solidarité sociale en Islam sont basés sur l’accomplissement des finalités de la Charia dans la préservation des cinq piliers de l’équilibre et de la durabilité de la vie humaine. D’où l’importance de l’économie en tant qu’outil efficace dans la gestion des ressources naturelles aux fins de développement économique, la finance islamique étant fondée sur le secteur réel qui interdit le riba (usure) et encourage les mesures concrètes à même d’assurer le bien-être de l’homme, et ce, en investissant les ressources naturelles sur la base de la coopération et du partage et en les préservant en tant que patrimoine durable pour les générations futures.
Ils ont également appelé à fédérer les efforts du financement islamique, y compris le waqf, la zakat, la bienfaisance (ihsan) et la charité (sadaqa), le but étant de relever les défis de la pauvreté et de la précarité, notamment dans les secteurs sociaux tels que l’éducation et la santé, conformément aux ODD. Les Waqfs aussi être plus créatifs dans le choix et la mise en œuvre des projets y afférents en assurant de l’eau potable, en gérant les réserves naturelles ou en préservant les terres publiques pour les utiliser dans d’agriculture, le boisement ou le pâturage.
De surcroît, les participants ont invité les parties compétentes dans les Etats membres, la présidence de la Conférence et l’ISESCO à suivre la mise en œuvre de ces engagements, orientations et recommandations en coopération et en coordination avec les acteurs concernés.
Les participants de la Conférence ont mis l’accent sur l’activation du « Document d’orientation sur les villes vertes et son rôle dans la réalisation du développement durable » issu de la 7ème CIME. En effet, il a été procédé au lancement du « Programme de célébration des capitales islamiques respectueuses de l’environnement », supervisé par l’ISESCO, selon un plan réfléchi couvrant des villes remarquables de par le monde islamique, et honorant les villes vertes lauréates de la cinquième catégorie de la « meilleure ville respectueuse de l’environnement » dans le cadre du Prix du Royaume d’Arabie Saoudite pour la gestion environnementale dans le monde islamique, dont l’ISESCO assure le Secrétariat général.
De même, ils ont rappelé le rôle essentiel de l’économie verte dans la création de nouvelles opportunités d’« emplois verts » dans de nombreux secteurs économiques tels que l’énergie renouvelable, l’efficience énergétique, la réhabilitation et la protection de l’écosystème, le tourisme écologique, la gestion des déchets et autres domaines à même de résoudre le problème du chômage parmi les jeunes, ce qui requiert des politiques permettant de soutenir les PME et les aider à s’adapter aux exigences de l’économie verte.
Les participants ont réitéré leur engagement à améliorer la situation hydraulique dans les Etats membres, à prendre davantage de mesures techniques et juridiques dans le cadre de la Stratégie de gestion des ressources en Eau dans les pays islamiques et des plans y afférents, de la Vision de l’eau de l’OCI – 2025 et du Programme d’action de l’eau du Conseil de l’OCI issu de la Conférence islamique des Ministres chargés de l’Eau. Ils ont également recommandé d’appliquer la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) dans les pays souffrant de forte sécheresse ou de désertification, et souligné que la question de l’eau est indissociable de celle de la sécurité alimentaire, question centrale dans la plupart des pays islamiques.
Ils ont en outre souligné la nécessité de sensibiliser davantage à l’importance des ONG et des jeunes compétences, de promouvoir le rôle de la femme dans l’activation des mécanismes de production, la solidarité sociale et l’éradication de la pauvreté afin de réaliser les ODD. Et de veiller à activer ces efforts par l’implication des jeunes et des femmes, le renforcement des capacités, la promotion des ressources humaines à travers l’éducation, la formation et le développement des compétences, ainsi que le choix des applications et projets nécessaires, selon des points de vue technique et économique, afin d’éradiquer l’exclusion sociale, toutes manifestations confondues, de même que la promotion de la coopération entre toutes les parties concernées dans les Etats membres et avec les autres intervenants en vue de mettre en œuvre des programmes intégrés dans le cadre des ODD 2030.
Les participants de la Conférence ont tenu en compte le rétablissement sur la scène internationale du rôle essentiel des religions, cultures, croyances et coutumes locales dans le soutien à la préservation de l’environnement et à la réalisation des ODD 2030 et objectifs subséquents, lequel rôle a engendré, en plus des réalisations accomplies dans le monde islamique et notamment depuis la « Déclaration islamique sur le développement durable » issue de la 1ère CIME (Jeddah, 2002), la publication de l’Encyclique papale Laudato si’ (Loué sois-tu) « Sur la sauvegarde de la maison commune » (2015) et de la « Stratégie des Nations Unies pour le partenariat avec les organisations confessionnelles dans la protection de l’environnement et la réalisation du développement durable » (2018), le lancement de l’Initiative « Faith for Earth » du PNUE (2019), ainsi que la « Charte de la Mecque » (2019) et les recommandations du Forum d’Al Madinah Al Munawwarah sur le « rôle du discours religieux dans la protection de l’environnement » (2018), le but étant de trouver des moyens innovants d’adhésion et de partenariat avec les organisations et institutions concernées partout dans le monde, en plus des activités et expériences de l’ISESCO en la matière.
Et de souligner que les défis environnementaux, bien qu’ils soient une question nouvelle dans la compréhension de l’homme et de ses occupations scientifiques, concordent avec les défis de préservation de l’environnement énoncés dans les textes religieux et les principes d’éducation sociale dans toutes les croyances et cultures. Pour ce faire, les participants veilleront à promouvoir la compréhension et la communication environnementale chez les muftis, oulémas, imams et prédicateurs, ainsi que parmi les acteurs associatifs concernés, à travers les colloques, ateliers de courte durée et autres médias, le but étant de simplifier les aspects de la crise environnementale et du développement durable de points de vue scientifique, culturel et religieux et de clarifier leurs impacts socioéconomiques sur l’avenir des communautés, de même que de promouvoir la recherche universitaire dans ce domaine.