Ouverture des premières Assises des industries culturelles et créatives
Rabat, 4 octobre 2019. C’est devant une salle comble que se sont ouvertes à Rabat les premières Assises des Industries Culturelles et Créatives organisées, sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, par le Ministère de la Culture et de la Communication conjointement avec la Fédération des Industries Culturelles et Créatives de la Confédération générale des Entreprises du Maroc.
Près de 600 participants, représentatifs de la diversité du secteur de la culture et de la dimension du partenariat public privé ayant présidé à cette manifestation, ont ainsi assisté à la séance plénière d’ouverture à la Salle Royale de l’hôtel Sofitel Jardin des Roses de Rabat.
La réunion inaugurale a été présidée par M. Mohamed El Aaraj, Ministre de la Culture et de la Communication. Elle a été marquée ensuite par les allocutions officielles de MM. Habib El Malki, Président de la Chambre des Représentants, Ahmed Reda Chami, Président du Conseil Économique Social et Environnemental, Zouhair Chorfi, Secrétaire général du Ministère de l’Économie et des Finances, de Mme Neila Tazi, Présidente de la Fédération des Industries Culturelles et Créatives et Parlementaire de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc, et de M. Mohammed Fikrat, Vice-Président de la CGEM. Étaient également présents le ministre de la Justice Mohamed Aujjar ainsi que Noureddine Bensouda, Trésorier Général du Royaume.
M. Mohamed El Aaraj a tenu, en premier lieu, à poser le contexte des Assises en rappelant que « la politique initiée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI incarne la Volonté Royale de conférer à la culture marocaine les moyens et ressources nécessaires pour son développement […] La culture étant devenue aujourd’hui un élément essentiel du développement économique et social et ce, à travers la valorisation des industries créatives en tant que secteur à part entière. Ce dernier demande ainsi un suivi et de nombreuses ressources afin de surmonter les obstacles et oppositions auxquels est confronté tout secteur émergent ».
M. Habib El Malki a abondé dans le sens du Ministre en observant « la dynamique d’ouverture du Maroc et des Marocains au monde, aux différentes composantes de la civilisation humaine et aux divers langages, expressions et transformations du savoir, technologiques, créatifs et esthétiques ». Le Président de la Chambre des Représentants a exprimé par ailleurs la nécessité de « réfléchir à des propositions concrètes pour une loi spécifique réglementant et encadrant les mécanismes du bien-être culturel, définissant leurs contrôles, les périmètres de leur intervention et répondant aux perspectives et aux défis légitimes des acteurs culturels et créatifs »
M. Ahmed Reda Chami a également confirmé l’importance croissante de la culture « considérée aujourd’hui comme étant le quatrième pilier du développement durable au côté de l’économie, du social et de l’environnement. Ces assises constituent une occasion idoine pour se pencher sur les contours d’une stratégie nationale de développement de l’industrie culturelle, portée par les différentes parties prenantes, avec une approche participative et concertée ».
M. Zouhair Chorfi, Secrétaire Général du Ministère de l’Économie et des Finances, et porteur d’un message du Ministre, M. Mohamed Benchaâboune, a précisé qu’ « Il est en effet temps pour nous de formuler des politiques publiques fortes, abordant les nouveaux défis posés par le numérique et valorisant les compétences ». Il a également soutenu que « La réflexion [était] en cours pour la refonte des mécanismes de soutien à l’activité économique, notamment les TPE et les PME [et] la possibilité de rendre éligibles les entreprises du secteur de la culture aux différents mécanismes de soutien à la création des entreprises et à leur accompagnement ». « Nous prenons ainsi en charge une des recommandations essentielles des Assises de la Fscalité, à avoir celle de doter le secteur culturel d’une fiscalité adaptée », a-t-il affirmé.
Mme Neila Tazi, Présidente de la Fédération des Industries Culturelles et Créatives de la CGEM a rappelé qu’aujourd’hui « Les industries culturelles occupent au niveau mondial la cinquième place dans la liste des secteurs les plus porteurs économiquement. Nous ne pouvons donc plus considérer les dépenses et les investissements en faveur du développement culturel, comme des dépenses secondaires. Le changement de perspective est nécessaire. Il exige du courage et de la vision. Il suppose la création de nouvelles convergences entres les professionnels, et les décideurs économiques et politiques ». Mme Neila Tazi a également appelé les participants à « nourrir ces assises de [leurs] idées, de [leurs] recommandations, de [leurs] énergie et de [leurs] passions ». « C’est un moment rare et précieux. Nous n’avons pas le droit de rater ce rendez-vous », a-t-elle enfin affirmé tout en remerciant le bureau de la Fédération des Industries Culturelles et Créatives.
En conclusion de la séance d’ouverture, M.Mohammed Fikrat a quant à lui expliqué l’objet de l’intervention et de la présence de la CGEM aux côtés du Ministère de la Culture et de la Communication « Étant donné que la culture et l’art constituent une source majeure d’opportunités d’emplois et de création de richesses nationales… D’où la création de la Fédération des Industries Culturelles et Créatives qui est à même d’orienter les efforts du secteur privé dans ce domaine »
La première matinée de ces Assises qui se veulent fondatrices s’est poursuivie par le premier panels, parmi les cinq programmés au cours sur deux journées d’échanges, réunissant des intervenants nationaux et internationaux de haut niveau, et modérées par M. Thami Ghorfi.
La première table ronde a ouvert les débats sur la « Richesse des identités culturelles, un capital à valoriser » : alors que l’identité culturelle marocaine, forgée par les affluents qui la composent, s’est construite dans le temps et la plénitude, comment mieux valoriser de capital pour en faire un levier de progrès et de prospérité ?
Mme Elisabeth Guigou, Présidente de la Fondation Anna Lindh, M. Ahmed Skounti, enseignant chercheur à l’Institut national des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine, M. Abdellah Boussouf, Secrétaire Général du Conseil de la Communauté Marocaine à l’Étranger, et M. Mahi Binebine, peintre et écrivain et co-fondateur des centres culturels « Les Etoiles », ont échangé sur la place des Arts et de la Culture dans l’éducation, de l’héritage culturel en tant que capital d’un peuple, de l’importance du soutien à la diversité culturelle et à la créativité artistique, de l’accès des jeunes aux Arts et la Culture, pilier de la cohésion sociale et du rapport du citoyen à la pluralité culturelle et linguistique.
Le panel suivi d’un échange de haute facture entre le public et les intervenants a démontré le bien fondé de la démarche participative proposée par ces premières Assises des Industries Culturelles et Créatives et laisse augurer de débats riches et passionnés au cours des prochaines heures.
Le succès d’audience en ce début d’Assises, tout au long de la journée et des trois premiers panels, a démontré le fort intérêt pour ce premier rendez-vous visant à ouvrir un dialogue entre les différentes parties prenantes de l’éco-sphère de la culture au Maroc et de débattre de façon constructive des voies à suivre pour l’émergence d’une industrie culturelle et créative génératrice de valeur, de lien social et surtout d’emplois pour les jeunes dans les différentes filières du secteur des ICC.
Le public très diversifié était composée d’artistes, auteurs, réalisateurs, producteurs, distributeurs, éditeurs, organisateurs de festivals, associations, chambres professionnelles, administrateurs de sites culturels, intellectuels, parlementaires, de plusieurs ambassadeurs (dont ceux des États-Unis, de l’Arabie Saoudite, de l’Espagne, du Sénégal, des Émirats Arabes Unis…), d’institutions internationales et de nombreux représentants des médias.